vendredi 6 octobre 2023

Mon salon de la photo 2023……..sur la pointe des pieds…….

Le marché de l’appareil photo se rétrécit comme une peau de chagrin et devient de plus en plus élitiste, sinon strictement professionnel. Le salon de la photo annonce d’ailleurs très bien la couleur, en proposant trois catégories de visiteurs, pour l’organisation de la visite : « amateurs avertis », « créateurs de contenus » et « professionnels ». D’ailleurs, pour avoir un très bon boîtier photo (hors objectif), il faut compter de 1900€ à 2800€ environ. On ne trouve presque plus de compacts, seulement quelques rares « dits » experts chez Canon et Sony. Par contre, il n’y a aucun smartphone hormis Sony avec ses Xperia un peu à part.

Alors moi, qui n’ai plus aucun appareil photo digne de ce nom et qui réalise l’essentiel de mes photos avec un petit Iphone SE de 2020, acheté bon prix d’occasion, (hormis certains clichés particuliers via un petit compact Lumix ancien), je me suis fait tout petit, invisible ou presque, sauf chez les amis de la revue Image et nature, avec qui je partage les mêmes idées et passions. Je ne coche en effet (selon le stéréotype en vigueur, chez les gens de qualité….) plus aucune des cases ! Suis-je averti, expert ou rien ? Peu importe et cela dépend ! Selon les modèles des années 1980, sans doute expert ; selon la complexité boutonneuse des boîtiers d’aujourd’hui, totalement débutant !

Les principaux et ultimes fabricants de matériel photo sont évidemment présents, dans l’ordre d’importance sur le marché.

Canon dispose d’un grand espace très achalandé, comme à chaque exposition et il y est difficile de s’y frayer un chemin. Néanmoins, lors d’une moindre affluence, j’ai pu prendre en main un Full frame R8 et j’ai eu la surprise d’être démarché ! Face à un boîtier ultra léger, agréable certes, mais extérieurement tout composite, sinon plastique façon jouet (boîtier et objectif), il me fut répondu que c’est pour du grand public, même si le full frame n’est pas pour le grand public qui n’en a pas besoin……Chez Canon, c’est la gamme pro qui est absolument excellente, sans discussion. Canon fabrique ses propres capteurs, de très bonne qualité, avec un très beau rendu d'image et de fort jolies couleurs, même si la dynamique et la montée en sensibilité peuvent y être plus limitées (surtout en APSC) mais avec un autofocus précis et véloce. De fort belles images reste donc le point fort de la marque! A ce titre, le Canon EOS R10 (APSC) présente un excellent rapport qualité/prix et avec avec une bonne ergonomie et un poids plume (en espérant toutefois une robustesse suffisante).

L’emplacement de Sony, vaste, lumineux et agréable, présente toute la gamme dans laquelle on a parfois un peu de mal à s’y retrouver. En 10 ans, l’électronicien s’est hissé au deuxième rang, avec des produits d’exception, full frame surtout mais aussi APS-C, tout en développant des smartphones innovants et en conservant d’excellents petits compacts experts. J’ai particulièrement remarqué les Sony A7CII et A 6700.  Certes, il y avait du monde mais les appareils étaient accessibles.

Nikon a été relégué au troisième rang mais garde un socle de fidèles et c’est amplement mérité, tant ses appareils, de grande qualité, font de belles photos. L’emplacement est déjà un peu plus petit, il y a du monde mais les conseillers, très compétents, sont accessibles. J’ai particulièrement apprécié le nouveau Nikon Zf vintage, avec les commandes claires et accessibles, directement sur le boîtier.

Sur un très beau stand, certes plus loin derrière, en terme de marché, il y a Fuji, très innovant, qui s’est cherché longtemps, pour finalement trouver sa voie et quelle voie ! Outre des produits très bien construits et de grande qualité (notamment optiques, grâce aussi aux synergies avec son département imagerie médicale……ce que faisait autrefois Olympus), Fuji est le champion du moyen format de qualité à prix accessible. En ce sens, potentiellement, il dame le pion à tous les autres ! Mais c’est aussi le champion de la qualité des images en APS-C (en concurrence avec Sony). J’ai particulièrement apprécié le FUJI XT 5, avec ses commandes directement accessibles sur le boîtier, façon vintage. Selon un utilisateur de la marque, dont l’épouse est pro avec du Nikon, « avec Fuji, je ne fais que du Jpeg, pas besoin de RAW, grâce à toutes les bonnes simulations de rendu ».

Plus loin, sur un grand stand également, il y a le cas un peu à part de Panasonic/Lumix. Grand électronicien, lui aussi, développant une large gamme de produits, il peine à émerger du marché en photographie. En consortium avec Sigma et Leica, sur une monture commune, il a développé une nouvelle gamme d’appareils full frame tout à fait crédibles et même excellents. Mais le fait notable, c’est que la plus grande partie du stand, réservée au full frame, était quasiment vide, tandis que le relatif petit espace dédié au traditionnel et très apprécié micro 4/3 de la marque (notamment par les cinéastes) était très achalandé. On notera aussi qu’il n’y a plus aucun compact Lumix, dont certains de qualité ; c’est l’abandon.

Enfin, pour finir et sur un petit stand, on trouve OM System (Digital Solution), le repreneur d’Olympus qui s’est finalement décidé à venir cette année, absent l’année dernière sans explication crédible. Curieusement, cela semble la société de droit allemand (OM digital solution GmbH) qui est présente ( ?). Le micro 4/3 garde ses adeptes et il y avait relativement du monde, compte tenu du petit espace. Mais la part de marché est faible, plus faible que celle de Panasonic.

L’avenir nous dira qui se maintient ou survit, dans ce contexte de marché devenu de niche, pour professionnels et amateurs fortunés.

On se doit aussi de noter la présence de Leica, au matériel d’exception, à un prix stratosphérique, petit stand avec pas mal de monde ! Qui n’a pas rêvé du nouveau Leica Q3 !

A côté des grands opticiens tiers, produisant des objectifs de qualité, Tamron et Sigma, on notait la présence chinoise. En effet, depuis plusieurs années, ils pointent avec succès le bout de leur nez, avec des optiques correctes…….à suivre. A noter que les représentants de ces marques ne parlent que chinois ou anglais…..

A côté du matériel et des nombreuses sociétés d’édition et de formation, il ne faut surtout pas manquer les expositions qui recèlent des images remarquables de beauté. Certes on n’aime pas tout mais cela mérite largement une visite attentive. L’exposition de Montier en Der est époustouflante ! J’y ai en outre retrouvé une photo du très regretté Guy Michel Cognié. J’ai également remarqué les très belles photos animalières de Sorota et Bruno Sénéchal. Ces expositions constitue d'ailleurs un motif essentiel de visite!

Sur un stand un peu à l’écart mais très riche de publications, on retrouve avec plaisir « Image et Nature ». Il ne faut absolument pas manquer de le visiter. C’est non seulement une mine d’or d’ouvrages sur les sites de nature, la faune sauvage et la photo de nature mais on peut assister à de passionnantes conférences de photographes animaliers de talent, cette année, Olivier Larrey (travaille en NIKON) et l’année dernière, Adrien Favre (travaille en SONY A1). Cette petite équipe de passionnés, animant ce magazine, est des plus sympathiques, emmenée par son directeur Laurent Giraud, présent sur le stand. On y reçoit le meilleur accueil. Laurent Giraud a créé ce magazine sur une idée originale, en associant présentation et description des sites naturels, de la faune et de la flore, à la connaissance pratique de la photo de nature. Et c’est un succès ! L’autre originalité, c’est que ce magazine n’est distribué que par abonnement, ce qui évite le gâchis de papier et renforce la pérennité des Editions Terre d’Images, son éditeur. Cela conduit à une vraie communauté de passionnés, lecteurs solidairement très liés à la rédaction.

https://www.image-nature.com/

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Côté conférences autres, diverses, j’ai le sentiment subjectif que ce qui était proposé il y a 10 ans était de plus haute volée.

Je suis reparti rapidement, en toute discrétion, comme j’étais venu, en ayant l’impression de ne plus avoir ma place dans ce salon.  La photo n’a jamais été aussi développée et prospère qu’aujourd’hui, et c’est un paradoxe, même si le plus souvent, il s’agit de simple production d’images basiques de souvenirs, sans vraie recherche ni cadrage. A côté de cela, l’appareil photo semble vivre son dernier carré de Waterloo, face à la déferlante des « shooters » (je déteste ce mot !) de smartphones. D’un point de vue technique, la recherche et développement des smartphones avance à pas de géant, pendant que l’appareil photo ne connaît aucune vraie révolution, seulement de très bonnes améliorations. Sans une certaine convergence des deux, technique et sociologique, à rechercher, il serait dommage que l’appareil photo qui, seul, a la capacité de réaliser les meilleurs clichés, se restreigne au club très fermé des professionnels disposant d’un budget de plus en plus conséquent.