dimanche 9 mai 2021

Trains de nuit, longs parcours et «City of New Orleans » !

J’ai profondément regretté la disparition des trains de nuit et de long parcours, en Europe et surtout en France. Depuis ma prime enfance, je les utilisais car si utiles et commodes. Ils rythmaient même ma vie, véritables marqueurs existentiels, que ce soit pour les grandes vacances vers la montagne mais pas exclusivement ou, plus tard, pour le service militaire, des grandes vacances un peu plus loin, l’activité professionnelle…. Pour beaucoup, je les connaissais par cœur, sans devoir tous les citer ici, avec leurs particularités, car trop fastidieux, sauf peut-être deux d’entre eux, les plus utilisés (avec le Talgo Paris-Madrid, plus récemment), le FD 263/262 Orient Express (le dernier, le vrai, fantôme du mythique train d’origine), pour le Goethe Institut puis le service militaire en Allemagne, et le D468/469 pour aller chez l’ami Walter à Brand (Auberge Zimba à l’époque). Ils étaient si aisés car ils faisaient économiser une nuit mais aussi tellement poétiques ; « Crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus » Guillaume Apollinaire ! Je les ai même utilisés en aller et retour, pour visiter Innsbruck puis Salzbourg sur la journée ! Avec eux, on pouvait aussi aller quasiment partout en France!

Je ne suis pas étonné que ce soit à l’instigation de l’Autriche, meilleur service ferroviaire d’Europe avec la Suisse, que l’on se penche enfin sur la remise en route de ces trains. Déjà, pour le service militaire, ou quelques fois sur « l’Arlberg », quand j’étais en place assise, je choisissais toujours la voiture autrichienne, pour ses qualités de confort. Le processus de retour en ligne est long mais très positif, surtout avec les normes de confort des Nightjet et Railjet autrichiens!

En écoutant « City of New Orleans », cette ode au rail déjà ancienne outre atlantique, et reprise ensuite de façon très country, par notre éternel jeune homme, maintenant âgé de 88 ans, Willie Nelson, j’ai retrouvé le rythme et l’ambiance des trains de nuit. Les USA ont été le grand pays du rail (si apprécié par mon regretté ami Didier Durandal, fin connaisseur des trains US), avant de succomber à la passion du toujours plus vite à en perdre la tête. Beaucoup de compagnies ferroviaires ont disparu, et le rail US est dorénavant avant tout un chemin de fer fret, d’ailleurs très performant. Il ne reste qu’une compagnie voyageurs, d’ailleurs publique, Amtrak. Outre un service très dense dans les grands corridors de peuplement (surtout côte est mais aussi côte ouest), elle continue à opérer des trains de très longs parcours qui ont leur clientèle. Le pays, où deux éléments importants sont, le retour sur investissement et la course à la richesse tapageuse qui éclabousse, se voit confronté à de graves questions de qualité et fiabilité d’infrastructures dégradées (coûteuses et à temps de retour toujours long et donc négligées). Le plan du Président Biden est donc une bénédiction, notamment pour Amtrak qui va pouvoir augmenter et améliorer ses services. Mais il n’est pas question de grande vitesse. Comme le disent les dirigeants d’Amtrak, produisons un bon service  fiable, avec des trains à l’heure et ce ne sera déjà pas si mal ! Ce genre de sagesse simple est à méditer ailleurs.

En effet, la pandémie marque une vraie rupture dont on ne mesure pas encore les conséquences. Elle incite à se reposer les vraies questions des vraies priorités et du monde dans lequel on souhaite vivre. Tout comme ce merveilleux conteur que fut Henri Vincenot, j’aspire à un temps plus long que l’on goûte, au travail soigné, à l’absence de surexcitation et de précipitation, à la sage réflexion dans le milieu qui nous entoure, à l’être plutôt que le paraître, à la fin de la vie corsetée dans des algorithmes et qui la définissent! Finalement, je rêve d’un voyage sur le "City of New Orleans" ou le fabuleux "California Zephir"….. en attendant les nightjet et railjet européens!

N’existe-t-il pas des points communs entre Joe Biden, Willie Nelson et Henri Vincenot ? Par delà la malice, on n’est peut-être pas si loin de la vérité !!

Arrivée à Berlin Zoo au petit matin dans les années 1990:


Berlin est en plein bouleversement dans les années suivant la chute du mur:

Dernière vision du Berlin est ancien avec au fond le palais de la république:


Le D468 Arlberg Express Vienne Paris au départ d'Innsbruck, hiver 1990:


"Nightjet" autrichien actuel! (photo ÖBB):


https://www.nightjet.com/en/

"City of New Orleans":

Crédit:Photograph_by_Robert_Kaufmann_taken_on_10-10-2005_in_Louisiana (photo trouvée sur le net)

Train "City of New Orleans" avec comme fond musical la chanson d'origine:

https://www.youtube.com/watch?v=cfjBCGTUEvs

"City of New Orleans" chanson reprise par Willie Nelson dans les années 1990:

https://www.youtube.com/watch?v=RnGJ3KJri1g

Cette chanson est tout à fait d'actualité avec le plan de renouvellement du service Amtrak promu par le président des États-Unis et elle restitue l'ambiance de ces trains. Pour tout cela, merci beaucoup à Joe Biden et aussi à Willie Nelson!

Le réseau Amtrak aux USA:


https://francais.amtrak.com/home.html




 Renouveau ferroviaire à Trie-Château

Une gare totalement rénovée et des trains neufs, cela nous change du morne quotidien de ces dernières décennies ! Et ce trait blanc et bleu dans le paysage ajoute une touche de gaieté ! Ces trains sont performants, relativement silencieux et confortables. Ils devraient efficacement contribuer à la fiabilité du service et pourraient même induire, à terme, une légère réduction de la durée du parcours.

La modernisation de la ligne Gisors Serqueux a engendré la remise à niveau de notre ligne Paris Gisors, dont la survie est maintenant pérennisée sur le long terme.

Il ne nous manque plus que quelques vrais TER Normandie/Hauts de France Paris – Chaumont en Vexin – Gisors – Sérifontaine – Gournay – Forges les Eaux – Rouen. Un appel est lancée ! Certes, la ligne Gisors Serqueux est à vocation prioritaire fret, avec une vitesse de ligne de 100 km/h. Mais avec des TER assurés en rames automotrices, rien ne dit que l’on ne pourrait pas les autoriser à 130km/h, sous réserve des capacités de freinage par rapport aux distances des signaux d’annonce…….etc, permettant un léger gain de temps sur un parcours Paris Rouen un peu plus long que l’itinéraire historique.

Après tant d’années de marasme, les efforts rationnels commencent enfin à porter leurs fruits !







dimanche 2 mai 2021

 Un photographe s’en est allé dans les étoiles, Jean-Marie SEPULCHRE 1950-2021

 Véritable encyclopédie vivante de l’objectif photographique, auteur de nombreux livres et d’articles particulièrement documentés, sur la photographie numérique, Jean-Marie Sepulchre a consacré sa vie entière à cette noble passion, support d’un art reconnu. Personnalité au visage fort sympathique, je ne le connaissais pas mais recevais les conseils précieux de ses articles. Lors du dernier salon de la photo, en 2019, nos regards se sont croisés avec malice ! Ayant identifié un personnage à l’expression intéressante et qui me rappelait quelqu’un (et pour cause !) j’ai voulu le photographier en instantané, le stand Olympus m’ayant prêté le dernier OMD-EM5 avec un Zuiko 12-40 mm f2,8, un rêve pour moi ! Ce faisant, je ne respectais pas le fameux Droit à l’image, certes un peu logique mais si nuisible au naturel (Sabine Weiss serait bien malheureuse si elle retrouvait ses 20 ans dans ce contexte). Il s’en est rendu compte et m’a gratifié d’un petit sourire en coin tellement malicieux et complice ! Ce fut notre seul dialogue mais finalement très fort. La morale de l’histoire, j’ai raté ma photo ce qui s’en nul doute l’amuserait beaucoup. C’est peu dire que je le regretterai beaucoup. Après Guy Michel Cogné, notre petit monde est en peine.