dimanche 26 avril 2020


Du confinement !

Je ne sais pas si vous avez mené un jour la réflexion relative au rétrécissement de l’horizon de vie, lorsque la petite aiguille de l’horloge de l’existence atteint un nombre respectable ?  

Quand on est jeune, le monde semble sans limite, avec une soif infinie de découverte, pour autant que l’environnement économique et social le permette. Puis, progressivement, par le jeu des problèmes de la vie, des responsabilités, des maux petits ou plus importants, de la fatigue, de la lassitude, on restreint son champ d’action, pour souvent, in fine, le réduire à un fauteuil derrière une fenêtre, avec toujours le même paysage. Pour tous ceux dont la vie est circonscrite à un horizon limité, le confinement « sanitaire » ne modifie les choses qu’à la marge, sauf le contact avec ses proches.

Au gré des progrès et du mieux être de nos sociétés, la découverte et les horizons infinis sont devenus un mode de vie banal, à l’opposé du cadre limité de la vieillesse. Il en est résulté une société hédoniste du toujours plus de plaisir, érigée en objectif de vie, où sauter d’un avion dans l’autre, pour se promener, devient la norme! Dans ce cas, le confinement constitue un bouleversement inimaginable, d’autant plus que l’ancienne vie ne reviendra plus.

Cependant, cette soif de plaisirs matériels ne valait pas pour tout le monde. Ceux qui vivent dans un cadre limité, voire très restreint, avec un niveau de vie modeste ou pauvre, n’ont souvent connu que le béton et les rares herbes piétinées. Dans ces espaces tristes mais bouillonnants de vie, qui génèrent la fermentation  acide et diabolique (rien de nouveau, au 19ème siècle, c’est Paris qui était malade, littéralement biologiquement, selon Louis Chevalier),  mais aussi une incroyable vitalité créative, porteuse de richesse et d’espoirs, l’horizon semble irrémédiablement fermé, et les soucis du quotidien rythment la vie. On aura entendu le cri de désespoir d’une maman, dans ces banlieues multicolores, « Monsieur le Président, aidez-nous », ou la demande pressante du Maire de La Courneuve, face à tant de pauvreté. Là, le confinement ne change rien, sauf qu’il ajoute du bouillonnement et du désespoir, quand on ne peut même plus mettre le nez dehors, se rencontrer, arriver à gagner son pain.

Enfin, entre un appartement et un jardin, à condition d’aimer la nature, la différence est aussi notable, mais pas nécessairement en faveur du jardin, pour ceux qui répugnent aux efforts physiques et au travail quotidien, y compris les sportifs…..car on en a vite fait le tour. Mais pour tous ceux qui aiment un environnement naturel, le jardin, ou le balcon fleuri, permettent de revenir aux sources simples de la vie. Et là, le confinement se relativise, comparativement à l’immensité du tout petit, qui fourmille de vie à nos pieds. Je vous livre ainsi, quelques photos de toutes petites fleurs, que l’on n'admire que rarement, ou que l’on prend parfois pour de mauvaises herbes…Quelle erreur !!!

Ces images ont été simplement réalisées avec un Smartphone d’entrée de gamme, avec lentille macro à pince à 6€…..et l’application Google Camera, rien de bien luxueux ni a priori normalement adapté…….



























dimanche 12 avril 2020


Les années de feu!

Il y a longtemps que notre pays n'avait pas connu des chocs successifs d'une telle intensité. Outre la période de la dernière guerre mondiale et avant cela, de la grande guerre, il faut remonter, à la terrible année 1870 et à la Révolution française.

Il y eut d'abord ce cancer de langueur triste, de sentiment de déclassement et de doutes, en 2018, avec la crise des gilets jaunes. Cette implosion de la société française était prévisible depuis longtemps, sans que l'on sache sous quelle forme et quel catalyseur provoquerait la réaction. En effet, depuis de si nombreuses années, le paraître primait sur l'être, l'individualisme sur le collectif, la compétition et l'esprit de lucre matériel érigés en véritable dogme religieux. Il s'ensuivit logiquement, l'élimination des plus faibles, puis des moins forts, avec l'instauration, de la part d’une élite aisée, d'une cascade de mépris qui n’avait rien à envier à l’attitude de certains aristocrates de l’ancien régime!! Quand on pontifie, tel un dieu, en soignant son style, insigne de sa puissance et de ses qualités indubitables, alors qu'un peuple de fantômes épuisés, de toutes couleurs et souvent féminin, hante les trains de 5 heures des lointaines banlieues, pour venir astiquer les commodités des élégants, le pire est à craindre. Cette pauvreté rampante et cet isolement social affectif, conduisirent à ces rassemblements des ronds points où, à défaut de température clémente, on retrouvait cette tendresse et cette solidarité collectives qui avaient été balayées. Le jeune Président issu de la minorité élitiste, bien éloigné des contingences de la vie quotidienne, ne vit rien venir et contribua même à cette situation, par une succession de maladresses humiliantes. .  Malheureusement, tout comme lors des autres soubresauts spasmodiques dont notre pays a le secret, lorsque la société évolue, des gens violents, doctrinaires, têtus, sans nuance ni profondeur de réflexion, ont émergé, conduisant le pays vers le chaos. La fermeture des commerces, suite aux émeutes, ébranla très fortement de nombreuses entreprises, dont beaucoup de petites structures, engendrant un chômage notable dont furent victimes, les catégories de population déjà victimes de l’état de fait décrié. Ce fut le premier choc économique majeur.

Le pays avait clairement un besoin de réformes profondes car, depuis tant d'années, il s'essoufflait, comparativement aux pays d'Europe du Nord, bien mieux organisés et gérés. Malheureusement, nos infaillibles muscadins ont mené autoritairement et au pas de charge, une réforme des retraites, parmi d'autres, a priori hâtive, insuffisamment préparée et en méconnaissance totale des contingences quotidiennes, telles qu’elles se vivent, à l'extérieur de leurs salons parisiens. Les affrontements d'idées et d'études, très violents, ont permis au marketing d'organisations syndicales, figées dans le temps, sinon fossilisées, de se remettre en selle, au nom d'un service public, hélas réduit à des statuts d'entreprises et de personnels, bien plus que de service à rendre aux autres avec abnégation. Ils bloquèrent ainsi le pays, pendant plusieurs semaines, avant et pendant Noël 2019, achevant de fragiliser gravement le commerce et l'industrie, avec comme conséquence, un développement du chômage de travailleurs modestes sans statut protecteur. Le pays a repris son activité en situation de grande fragilité, en début d'année 2020.

Avant cela, un évènement considérable avait ébranlé le monde entier, quand au coeur de la capitale, Notre Dame s'est embrasée. Que dire d'un pays capable de laisser détruire un joyau de plus de 800 ans, quelle que soit l'origine du, sinistre ! Toute œuvre issue de la création d'artistes et de maîtres ouvriers est admirable. C'est le souvenir laissé par nos ancêtres, notamment d'un Moyen-âge plus brillant que le nôtre, de ce point de vue. Le laisser partir par négligence, nonchalance ou autre, peu importe, porte un regard très sévère sur notre époque. Au milieu de ce désastre, le miracle des vitraux épargnés, de l’autel et de la croix intacts, sonnaient comme le symbole de la recherche d'un nouveau siècle des lumières, au milieu des ténèbres. Un an plus tard, l’édifice bien que stable, n’est toujours pas sauvé et l’hypothèse d’un écroulement ne peut pas encore être écartée.

Mais en cette fin 2019, se profilait un ennemi invisible, attisé par des pratiques alimentaires et commerciales asiatiques (animaux sauvages) condamnables, le triste Coronavirus « Covid19 ». En cette période, l’hôpital traverse une crise profonde, suite à la suppression de nombreux lits et à une gestion des établissements en centres de profits. Les services d’urgence sont d’ailleurs en grève et certains professeurs ont « jeté l’éponge » ! La médecine libérale ne va pas bien non plus, avec un manque inquiétant de médecins de ville et….de campagne ! Le numérus clausus et le vieillissement des praticiens, ont produit ces effets catastrophiques. La gestion de cet évènement n’a pas fait l’objet d’une anticipation clairvoyante. La plupart des pays ont d’ailleurs réagi de la même façon. Lorsque l’épidémie s’est emballée, l’impression a été donnée d’un navire cherchant en permanence son cap de façon contradictoire, sinon velléitaire. Certains savaient-ils, d’autres n’ont-ils pas voulu réagir pour des motifs politiques ? Il serait bien présomptueux de trancher, en laissant cela à l’historien, dans pas mal d’années. Mais le fait est que les signaux furent incohérents, notamment la légèreté de l’organisation des élections municipales (d’ailleurs inachevées et laissant plus de la moitié des électeurs perplexes…), quelques jours avant le confinement ! Evitez les déplacements mais allez voter……… ! Cette décision pourrait signer l’arrêt de mort de la vieille politique……l’avenir le dira ou pas……..Très rapidement, la situation est devenue plus que catastrophique, sauvée de justesse pas un personnel de santé admirable. Mais là encore, l’étalage sur la place publique de contradictions sur le port du masque, les traitements ainsi que le manque d’anticipation (stock de masques, organisation hospitalière très inférieure à celle de notre voisin allemand) car gouverner c’est prévoir, a semé le doute sur la capacité de nos dirigeants, et plus largement de nos élites, à nous sortir de cette situation de cataclysme. C’est en effet un cataclysme  non seulement sanitaire mais économique et sociétal. Tout s’est figé, tout s’est écroulé. Il n’y a plus aucun avion ou presque dans le ciel et toutes les compagnies aériennes s’interrogent sur leur survie. On peut dupliquer cela dans de nombreux secteurs. Et si l’on peut encore vivre correctement, en attendant que la pandémie se calme, c’est grâce à tout ce petit peuple qui se reconnaissait dans la France des ronds points ! Ce petit peuple besogneux et fantomatique, si souvent ignoré, sinon méprisé, tient le choc et assure, quel que soit son contrat de travail, sa qualification, son secteur. Il est là le vrai service public et c’est là que se trouve l’âme du pays, professionnels de santé (de la femme de ménage au professeur, bossant avec une incroyable ardeur et tant d’abnégation), personnels assurant notre sécurité, caissières, éboueurs, techniciens de l’eau et de l’électricité, personnels du transport et de la logistique etc….(non exhaustif). Le schéma des valeurs s’est retourné et a retrouvé sa vraie place. Nos élites semblent avoir recouvré un peu de raison et d’humilité, devant l’ampleur de la catastrophe humaine qui les laisse démunis et faibles. Le jour d’après, personne ne peut le définir, car c’est toute la société et toute l’économie qui sont à réinventer. La machine aura du mal à repartir, face à des faillites en cascade, notamment dans les PME, le commerce, une inflation difficile à contenir, un chômage de masse, une baisse des revenus, des changements des modes de consommation. L’empire américain vacille, vaincu autant par la pandémie que par sa philosophie individualiste et de compétition sans compassion. L’empire du milieu se remet tout doucement, mais les frontières se refermant, la consommation baissant et le besoin de relocalisation ne faisant plus débat, que lui restera-t-il dans une décennie ? Tels sont les enjeux, risques et défis majeurs à venir. Nous aurons besoin d’Hommes d’Etat exceptionnels. Notre jeune président et son gouvernement, dans le concert de nations déboussolées, sauront-t-ils faire le dur apprentissage de la vie ? Ou verrons-nous apparaître une nouvelle génération, dotée d’une vision d’un avenir différent, plus respectueux des êtres et de notre environnement, comme un retour aux sources? Seuls les historiens, si nous existons encore, pourront le dire !

Comme images d’illustration, je pense à Eugène Boudin, peintre d’extérieur (une innovation à cette époque), ami de Claude Monet et son initiateur, surnommé par Corot, le « roi des ciels ». Il nous aurait brossé et exprimé, dans les nuages, nos inquiétudes et nos espoirs.

" Nager en plein ciel, arriver aux tendresses des nuages, suspendre des nappes, au fond bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l'azur ". Eugène Boudin.

En pensant à lui, il m’arrive de capter des images fugaces de ciels lugubres, majestueux, inquiétants, d’espoir, clichés parfois pris à la « billebaude », derrière la vitre d’une voiture……..moi qui déteste tant rouler en voiture ! Je vous les livre comme des brouillons de nature forte, comme celle qui nous étreint actuellement.





















jeudi 2 avril 2020


La nature et le balancier.

Tout comme une horloge, la nature recherche en permanence le bon équilibre. Malheureusement, depuis deux siècles, le balancier s’est fortement écarté et diverge dangereusement, en s’accélérant. Nous courions  ventre à terre vers un risque majeur et irréversible, sans trop savoir comment faire, tant les bonnes intentions se heurtent souvent aux effets pervers et inverses, dans une société aux rouages éminemment complexes et entremêlés. Et ce ne sont pas les états d’âmes naïfs, d’une partie des toute jeunes générations, premières bénéficiaires de cette société hédoniste, sans en avoir payé le prix antérieur, qui pouvaient apporter une réponse utile, sauf à se faire manipuler par des intérêts pas toujours très clairs.

Mais tout vient d’être bouleversé, à un niveau inimaginable, et dont personne ne peut encore mesurer toutes les conséquences positives et funestes. En effet, en Asie, le non respect de la convention internationale, interdisant le commerce d'animaux sauvages, a créé un cataclysme sanitaire planétaire, et avant lui des atteintes très graves à la biodiversité, ainsi que d'autres épidémies. A court, moyen et long terme, c'est la perte des clients d’un pays, la Chine, qui avait un besoin vital de développement rapide, pour éradiquer la pauvreté et assurer la stabilité d'un immense État, aux composantes sociologiques diverses. Et c’est cette indispensable prospérité qui permettait de faire accepter, un sans doute nécessaire pilotage très dirigiste. Mais on doit aussi penser, avec beaucoup d'inquiétude, à l’Inde, communément nommée la première démocratie du monde, en plein développement. On ne peut aussi que frémir au devenir de l’Afrique, face à cette pandémie.

A l'autre bout du monde, la cupidité et le cynisme de certains, dans la première puissance économique, risquent aujourd'hui de mettre ce pays sur le flanc. N’avons-nous pas entendu que le remède serait pire que le mal, pour l’économie, et au détriment de la santé des populations, notamment les plus fragiles? Ne voyons-nous pas des pratiques douteuses, pour se procurer des produits médicaux, au détriment de pays plus prévoyants ? Ce n’est pas une démarche honorable ! En attendant, la fameuse guerre commerciale facile à gagner, disait-on, est morte, faute de combattants qui ont eux-mêmes tué indirectement le business.....et nous sans doute aussi hélas !! En Amérique du sud également, certaines voix conduisent aussi vers le pire ! Au final, c'est un cataclysme sanitaire et économique. Les USA vont être affectés de façon majeure et la Chine a potentiellement perdu définitivement une grande partie de sa clientèle. Et cela va prendre beaucoup de temps, d'un point de vue sanitaire, sans compter tous ceux qui auront interrompu les autres soins, en attendant, et qui vont affluer ultérieurement, en situation critique, dans les hôpitaux.

Dorénavant, on ne voit plus aucun avion dans le ciel et la circulation routière est aussi très limitée. Aussi entend-on les oiseaux chanter et gazouiller, au moment de se coucher, ainsi que le « zonzon » des insectes!! La nature reprend son rythme en recherchant un nouvel équilibre, stable et harmonieux, conforme à un certain ordre naturel, comme le vécurent d’ailleurs autrefois les indiens d’Amérique et le pensent les philosophies de l'Inde. Quel sera ce monde nouveau ? Personne ne peut aujourd’hui le dire. Retour aux accélérations connues antérieurement ? Rythme de vie modéré ? Comment pourra-t-on faire vivre tout le monde….. ? Comment savoir? L’avenir de l’humanité est instable, après que l’Homme se soit cru d’Essence Divine dominante et sans limite ! Ce nouveau monde va balayer à coup sûr, toute la vieille politique et ses jeunes vieux!! Un crâne d'oeuf ne fait pas systématiquement un Homme d'Etat, un philosophe ou un capitaine d'industrie ! Le bon peuple ne peut qu'attendre et subir, face à tous ces dirigeants totalement dépassés. Et ce ne sont pas les nouveaux muscadins, raisonneurs, donneurs de leçons, et hautains, tout autant que cuistres, sur les réseaux sociaux, qui vont nous rassurer, en nous rejouant « le café du commerce » ! Je préfère une analyse critique des situations et des idées, à des invectives sur les gens, même justifiée. Je suis fatigué de ce vieux monde politique qui coule. Je n’ai plus le temps, face aux problèmes du quotidien! Astérix "ton poisson n'est pas frais" et boom….., c'est drôle dans la BD mais pas dans la vie réelle. Ce n'est pas d'aujourd'hui, hélas, que je ressens, comme beaucoup, un profond malaise sociétal. 

Alors, je vis confiné mais avec mes petits oiseaux du jardin, dont certains ne me craignent presque plus, et l’écureuil qui guette les bonnes noix et noisettes que je lui donne ! Et finalement, je suis totalement libre ! Je ne livre ici qu’une seule photo, celle d’une des premières abeilles, butinant au jardin, symbole de la renaissance de la nature, en espérant qu’il y en aura beaucoup d’autres encore, de ruches, sauvages, travailleuses etc........