Dieppe : une lumière vacillante mais vive, entre ciel, mer et campagne
Faire vivre une agglomération de 50.000 âmes, éloignée des
grands centres économiques n’est pas une sinécure. Et même dans un environnement
admirable, l’absence d’un très grand site de France, à l’instar de la baie de Somme
-qui a fait sortir Saint Valery sur Somme d’un quasi-oubli et d’une certaine pauvreté-,
il est très difficile d’assurer la prospérité et le renouveau urbain. Il faut donc
faire des choix. On imagine que pendant de nombreuses années, ce n’est pas le
patrimoine historique qui a été privilégié et cela se voit. L’activité tertiaire
reste dominante mais l’économie locale conserve une dimension industrielle
forte, avec des noms prestigieux comme Alpine, sans oublier les activités
maritimes. Au niveau désenclavement, la suppression de la liaison ferroviaire
directe (jugée peu attractive, du fait de l’absence totale d’entretien et de
modernisation) constitue une faute impardonnable.
C’est une ville au passé prestigieux, qui connut d’intenses
heures de prospérité et de gloire mais aussi des périodes sombres et
dramatiques. Elle recèle un patrimoine architectural et de sites exceptionnel !
Ses lumières changeantes, aux couleurs pastelles infinies, ont enchanté les
peintres impressionnistes. « Dieppe est un endroit admirable pour une
peintre qui aime la vie, le mouvement, la couleur ». Camille Pissaro.
Quand on parcourt les rues, il se dégage l’impression d’une
ville un peu triste, grise et poussiéreuse. Pourtant, après des décennies au
fil de l’eau, un travail considérable été réalisé. Par exemple, le quai Henri
IV, le quartier Saint-Jacques mettant si bien en valeur l’architecture typique
dieppoise, la résurrection de la maison Miffant et l’église Saint-Rémy, attestent
de superbes restaurations. Compte tenu de l’état initial menaçant presque ruine
de cette dernière, on est agréablement stupéfait par l’immense travail artistique
et de rénovation générale bu bâti accompli, et ce même s’il reste encore bien
du travail. Par contre, l’état de l’église Saint-Jacques est inquiétant (chutes
de pierres, chapelle Jean Ango en déshérence etc…). Dans une ville moyenne isolée,
qui doit faire face à tant de sujets, comme un esquif dans la tempête, il n’est
pas facile de parer à tout simultanément, surtout, quand à quelques centaines
de mètres, on a la responsabilité de deux églises imposantes, joyaux du
patrimoine ! En tout état de cause, même avec beaucoup d’argent qui
tomberait du ciel, il ne serait pas sain de faire de Dieppe une ville musée,
comme un sou neuf ! Car Dieppe reste avant tout un port avec ses activités
diverses, lesquelles ne sont pas celles d’un salon de thé ! Il faudra un
juste équilibre pour dynamiser le tourisme, apporteur de richesse, en sachant
faire la différence ! Facile à dire !! Mais il est déjà fort plaisant
d’y venir et d’y revenir !
(Photos ancien compact Lumix TZ70).