L’Esprit !
Notre pire ennemi, c’est la pendule et sa trotteuse
lancinante ! Notre époque mécanique, connectée, immédiate, complexe et
froide, ne nous laisse aucun répit, cadencée par les heures, minutes,
secondes ! Et il n’existe aucune échappatoire ni retour en arrière, au
rythme des saisons et du soleil. Tout se veut rationnel, sans laisser la
moindre place à la contemplation de la nature et à l’intuition ! L’Homme,
ce demi-dieu auto-proclamé, se veut implacable !
Ainsi s’écoule la vie sans qu’on la voit, séquencée par la
résolution de problèmes multiples, et nos amitiés délaissées, englouties dans
le flot impétueux et irrésistible. Puis vient le moment où commencent à
s’égrener les avis nécrologiques d’êtres très appréciés, fauchés un peu trop
tôt et,….. Pas vus depuis si longtemps !
Parmi ceux-ci, l’un d’entre eux était particulièrement
proche par l’esprit, le cœur, la vision des choses, le labeur partagé d’un
métier rude en début de carrière. Bien que résidant à quelques vols d’oiseaux,
dans le Pays de Bray si proche, nous fûmes éloignés pendant deux décennies. Et
c’est seulement deux ans après sa disparition, le Covid ayant ajouté encore à
la dureté des temps, que l’on a pu enfin venir le voir, mais si tard, trop
tard, la corbeille de fleurs, bien que très symbolique, apparaissant finalement
si vaine. Avec son épouse, aussi philosophe que courageuse, seule dans sa
campagne, et lui ressemblant tellement par sa douceur, nous avons évoqué tous
ses travaux, dans son bureau simple et si riche de connaissances et de
réflexion, mais voué au silence, ordinateur éteint. Comment faire partager dorénavant
tout cela ?
Un éleveur du Nebraska et courtier en bétail, aime venir se
ressourcer dans une grande plaine, bordée de collines, qui appartient à son
ranch. Il ressent à cet endroit une immense paix qu’il attribue au passé des
lieux, occupés par les Indiens, il y a 150 ans, et utilisés à des cérémonies funèbres,
les Indiens aimant les très grands espaces pour méditer. Homme très rationnel,
il ressent pourtant la présence apaisante de tous ces êtres, la force de l’Esprit.
Dans beaucoup d’endroits en France et en Europe, j’ai laissé
des gens très appréciés, dont beaucoup de disparus, comme Didier. Mais il reste
la force de l’Esprit, symbolisée, à l’instar du Nebraska, par ce beau coucher
de soleil, au retour, sur les grands espaces du Pays de Bray.
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