Le retour de la pellicule photo !
A l’aube du XXIème siècle, la photographie numérique a
rapidement supplanté l’appareil photo à pellicule dit « argentique ».
Très pratique et novatrice, elle fit de très rapide progrès, reléguant la photo
argentique à un usage très confidentiel.
La technicité des capteurs, se substituant à la pellicule,
et la puissance des algorithmes de traitement des données, permettent de
produire des photos particulièrement détaillées et agréables à regarder. En
dehors de l’acquisition de l’appareil, la photographie numérique est gratuite.
Il s’ensuivit donc une explosion du nombre d’images, sinon de photos produites,
d’où une nouvelle expression inusitée auparavant en photographie : « shooter » !
On appuie sur le déclencheur à tout va !
Les appareils et les utilisateurs se sont segmentés en deux
catégories : le compact « tout automatique » pour les photos souvenirs
de vacances, la famille et les appareils réflex, aux multiples possibilités et
commandes, pour les amateurs connaisseurs et les professionnels. Les
smartphones ont assez rapidement évincé les compacts, du fait des énormes progrès
en recherche et développement. Les hybrides (mirrorless), encore plus « numériques
et électroniques », ont quasiment remplacé les réflex, en ajoutant encore
plus de réglages, sinon de complexité. D’un côté, on produit des images très
rapidement et en nombre infini, et de l’autre, on retravaille longuement des fichiers
bruts que l’on améliore profondément, sinon les transforme fondamentalement,
grâce aux logiciels de développement et de retouche.
https://www.youtube.com/watch?v=WwF6Cd4URF0
Mais peut-être a-t-on oublié un peu l’aspect contemplation
et composition, ainsi que la vision naturelle des choses, devant des photos insignifiantes
ou des clichés tellement parfaits et aux détails ciselés au rasoir, que ce n’est
ni réalité, ni tableau de peinture, ni même œuvre artistique.
Au temps de l’argentique, une pellicule coûtait plutôt cher
et ne comportait que 36 poses au maximum. De ce fait, dans une randonnée ou
excursion, on ne faisait qu’un nombre limité de photos, et cela ne nous
dérangeait pas de trimbaler notre appareil, pour si peu. Ces photos bien
composées et cadrées, du moins était-ce ainsi souhaité, évoquaient tout simplement
le souvenir d’une contemplation. Un mois de vacances signifiait 72 voire 96
photos, au grand maximum. On faisait avec une sensibilité fixe, dépendant de la
pellicule choisie, et il n’était pas possible de tout faire avec du 50 ou du
100 ASA, sans recours à la pose avec pied et déclencheur souple. On réglait sa
mise au point manuellement, en observant bien les indications de profondeur de
champ, gravées sur l’objectif utilisé. On prenait soin de bien effectuer sa
mesure de lumière en semi-automatique, en veillant au bon choix du couple
vitesse et ouverture ! Bien évidemment, ces opérations étaient étroitement
liées à la composition et à tout ce qui se trouvait, tant au centre, que sur
les bords de l’image. Au final, quand c’était réussi, on obtenait de bien
belles diapositives Ektachrome ou Fuji, lumineuses et douces.
Après avoir abandonné la photo, quelques années, faute de
temps, j’ai découvert la photo numérique avec un petit compact Olympus très
simple, offert en cadeau, et de bonne qualité d’image, en conditions lumineuses
normales. Bien évidemment tout automatique, il était agréable à utiliser. Plus
tard, j’ai essayé divers appareils, au gré des opportunités et des finances
limitées, en compact puis en reflex et hybride. Mais, je ne me suis jamais
habitué au numérique car les processus ci-dessus était remplacés par des
fonctionnalités très diverses et finalement complexes. En ce qui concerne les
images, j’ai surtout apprécié le capteur Foveon ainsi que Canon et Olympus, pour
le bon rendu des couleurs.
L’écroulement du marché de l’appareil photo, phagocyté par
celui des smartphones, engendre une montée en gamme du seul segment subsistant,
l’appareil hybride à objectifs interchangeables. C’est une course effrénée vers
une technologie très avancée et qualitative, avec comme conséquence des prix en
flèche. Les fonctionnalités de ces appareils et objectifs deviennent de plus en
plus riches et complexes, avec d’infinies commandes disponibles dont on n’utilisera
qu’une infime partie, sauf à passer son temps à faire de la photo, que de la
photo ! Cela ne se justifie évidemment que pour de la photo
professionnelle très spécialisée.
J’ai donc jeté l’éponge devant cette inflation exubérante. J’ai
revendu tout mon matériel Olympus, initialement et patiemment acheté au
meilleur prix ou d’occasion et qui risquait l’obsolescence, devant cette montée
en gamme, et aussi devant le rachat d’Olympus par JP & Partner qui me
laisse très dubitatif. J’ai racheté un petit compact Lumix (très bon marché) limité
à une résolution de 12 millions de pixels, bien suffisante, avec lequel je
retrouve mes habitudes de réglages simples. Comme il est doté du décalage, je
peux rester en mode P, quand je ne suis pas en A ! Ce type d’appareil à
petit capteur a tendance à surexposer. La bague est réglée sur la compensation
d’exposition que l’on peut apprécier dans le viseur. Avec mon petit Iphone SE
2020, acheté également « d’occas » à bon prix, je peux me concentrer
sur la composition et le cadrage. Et je retrouve presque la douceur de mes
diapos avec le Lumix, contrairement à l’Iphone parfois un peu « raide »
en rendu, bien qu’agréable et équilibré. Et les deux sont en plus suffisamment
rapides ! La morale de l’histoire, c’est qu’il se vérifie encore que le
mieux est l’ennemi du bien! Le retour à l’argentique peut aussi s’expliquer
ainsi !
https://actu.fr/societe/la-photographie-argentique-en-plein-renouveau-comment-expliquer-cet-engouement_58754414.html
Quelques clichés avec le Lumix où l’on voit que même avec un
petit capteur, on peut obtenir un certain flou d’arrière-plan.