Lors d'une interview sur France Info, j'ai été très étonné
d'entendre que le seul dans l'Histoire qui avait démissionné, seulement après avoir été
condamné, c'était Louis XVI. Se draper dans les habits d'un jacobin, surgi des
brumes des couloirs du temps, est déjà surprenant, mais cela constitue surtout
un raccourci de l'Histoire osé et même inexact. En effet, l'abolition de la
royauté (et non la démission) a précédé la condamnation du roi. On ne peut pas
non plus occulter le contexte économique et social de l'époque, très éloigné du
nôtre. L'ordre social ne correspondait plus au pays réel. Deux choses essentielles ont provoqué la
révolution, dans ce paysage instable: plusieurs hivers très rigoureux et de
très mauvaises récoltes, puis le coût exorbitant de la guerre de
l'indépendance de l'Amérique. Après le
règne de Louis XV, les finances de la France ne pouvaient pas le supporter.
Devant une quasi faillite de l'Etat, il fut proposé de faire payer l'impôt aux
aristocrates qui en étaient exemptés, ce qu'ils refusèrent, d'où la convocation
des États Généraux, non réunis depuis des siècles et l'on connaît ensuite
l'enchaînement des faits. Louis XVI s'est montré plutôt clairvoyant et avait
assez bien perçu ces évolutions. Mais la tradition séculaire de monarchie de
droit divin, assortie de l'impérieux et sincère devoir de protéger le peuple,
rendaient quasiment impossible mentalement, une transformation aussi radicale,
car c'était toucher au sacré, ce qui était impensable pour le très pieux Louis
XVI. Et malheureusement, en dépit de son intelligence, Louis XVI ne savait pas
choisir entre des solutions toutes imparfaites, ce qui causa sa perte puis
l'épisode tragique de la terreur, où d'ailleurs tous les guillotineurs finirent
à leur tour par être guillotinés! Un vrai journaliste se doit également d'être
historien, lequel ne juge ni ne prend parti, mais cherche à comprendre et
expliquer. Méconnaître l'Histoire c'est ne rien comprendre au présent. En
outre, endosser un rôle passé n'apporte absolument rien!
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