La photographie, le réel et l’illusion………..
En 1839, le physicien E.Chevreul publie un traité sur les
contrastes de couleurs, dans le quel il démontre que la couleur n’appartient
pas aux choses car c’est une propriété de la lumière, dont les onde colorées
sont absorbées ou réverbérées par la matière.
Cela signifie donc que c’est la lumière qui nous permet de
percevoir les choses, par l’intermédiaire de de nos sens. Se pose alors la
question de la réalité et de l’existence même de ces choses, puisqu’il s’agit
d’une simple perception sensorielle, laquelle sera donc totalement différente
d’un individu à un autre, ainsi que son interprétation mentale.
Pourtant, les humains s’accrochent farouchement au monde
matériel, perçu comme une réalité indubitable et intangible, au point d’en
oublier les forces de l’esprit, par essence immatérielles car du domaine de la
pensée profonde. Cela va de l’adoration du « veau d’or »,
outrancièrement consumériste, à l’incompréhension et à la sidération de la
disparition physique des individus. Pourtant, personne n’est certain du réel
« matériel » perçu, qui n’est peut-être qu’une illusion de nos
sens !
Ce traité de Chevreul a notablement influencé les peintres
impressionnistes, dans leur recherche des ondes colorées, en milieu naturel. Le
photographe Nadar a fini de les convaincre d’œuvrer à l’opposé de la
photographie qui permet la restitution des détails, comme auparavant la
peinture classique, au profit d’une ou de plusieurs « impressions »
fugitives, dont on restitue la sensation, la peinture se rapprochant en cela de
l’abstraction de l’esprit.
Finalement, en photographie, le débat et les interrogations
restent les mêmes, bien que l’on évolue actuellement en sens inverse………..
On assiste, en effet, à une frénésie des techniques et de
restitution des détails. La photographie s’est en effet scindée en deux
branches, le smartphone tout automatique pour la captation d’images
instantanées, et l’appareil photo complexe, pour la « vraie »
photographie, celle qui est élaborée, précise et aussi très onéreuse.
Si l’on veut faire de la « vraie photo », il faut
en effet compter sur un budget de l’ordre de 4000€ à 5000€ minimum, auquel il
convient d’ajouter un ou plusieurs logiciels, plutôt chers, de traitement
d’image et….le remplacement de son ordinateur qui n’a plus assez de puissance
pour traiter tout cela ! Pourtant,
malgré des appareils qui sont devenus de vrais ordinateurs fort complexes, dont
on n’utilise que 20% des capacités, il n’y a pas eu de révolution majeure,
depuis des années, mais seulement des améliorations, toutefois très sensibles.
Ce n’est pas le cas des smartphones dont la recherche et développement avance à
très grands pas (traitement des images et miniaturisation des objectifs).
Certes, un grand capteur d’appareil photo recevra plus de lumière qu’un petit
capteur de smartphone, ce qui intrinsèquement, autorise de meilleures photos.
Mais il ne faut pas oublier que tout ce qui « sort » du capteur,
grand ou petit, fait l’objet d’un traitement informatique qui « interprète »
les données reçues du capteur. On parle d’ailleurs de plus en plus de « photo
computationnelle », depuis plusieurs années, et le smartphone rattrape son
retard à très grands pas. L’avantage reste toujours à l’appareil photo pour la
restitution des détails et des nuances, avec en plus, bien plus de polyvalence
(objectifs interchangeables), par rapport au smartphone, aux réglages
automatiques prédéfinis, voire au rendu parfois un peu forcé. Mais on commence
à entendre de la bouche des spécialistes : « l’appareil a un
meilleur rendu mais avec le dernier Iphone, c’est pas mal » ! On peut
lire aussi, dans la presse spécialisée, que la photo profite du
« ruissellement » des progrès des smartphones vers l’appareil photo,
ce qui signifie que le monde bouge vite ! On commence également à entendre :
« si vous n’avez pas le budget, photographiez au smartphone ».
Finalement, tout ceci procède d’une très courte vue, car la
course « au piqué » d’une photo n’est ni une fin en soi, ni même
toujours souhaitable. On semble oublier l’essence profonde de la photo, quel
que soit l’outil : savoir observer, apprécier, choisir ses plans, sa
lumière, cadrer, admirer, contempler avant tout, sans pour autant
systématiquement mettre tout « en boîte » compulsivement !
Si le photographe professionnel de studio, de mariage, de
sport, naturaliste…a effectivement besoin d’un outil ultra précis et
performant, il n’en va pas toujours de même pour tous les autres. On peut en
effet rechercher un effet très doux voire vaporeux etc…. Et pour cela, une « boîte
à images » d’occasion à presque 4 sous peut parfois suffire ! C'est seulement plus difficile qu'avec un super équipement !
Finalement, tout est sensation, rien n’est certain et
indubitable, tout est mouvant, changeant, comme la lumière, dans un acte de
contemplation du monde qui nous entoure ! En photographie, il n’est donc pas
ridicule de s’inspirer de la démarche, du cheminement de pensée, des
impressionnistes, à l’opposé des dérives constatées.
Quelques exemples de photos ci-dessous, piochées rapidement et très loin de la perfection.....
Photo Iphone SE2 (petit capteur)
Photo Lumix TZ 70(petit capteur)
Je recommande les chaînes Youtube très documentées, aux
contenus et aux tons très différents :
-
Phototrend de Lauret Breillat
-
Damien Bernal
-
Eric Gibaud
Louis Lavoie
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